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Jean-François Millet en 2 minutes

En bref

On pourrait le tenir pour un peintre modeste, rustique, un petit maître du XIXe siècle. Pourtant, Jean-François Millet (1814–1875) a joué un rôle considérable dans l’histoire de la peinture en renouvelant l’iconographie du monde paysan et en s’associant à l’école dite de Barbizon. Inscrit dans la vague réaliste (et non pas la peinture sociale) qui déferle sur l’art au XIXe siècle, l’œuvre de Millet eut une profonde influence sur l’art des impressionnistes et de Van Gogh. Il est l’auteur d’une œuvre célèbre, L’Angélus, qui fascina Salvador Dalí.

Jean-Francois Millet photographié par Nadar
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Jean-Francois Millet photographié par Nadar, vers 1870

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© Tallandier / Bridgeman Images

Il a dit

« Il faut faire servir le vulgaire à l’expression du sublime. »

Sa vie

Millet est originaire du Cotentin, un coin assez sauvage de Normandie. Il naît dans le hameau de Gruchy (près de la Hague), dans une famille paysanne. Cependant, le petit garçon reçoit une bonne éducation dans le domaine des lettres et des arts par l’intermédiaire de son oncle, un curé lettré.

Doué pour la pratique du dessin, Millet est envoyé à Cherbourg pour débuter son apprentissage auprès de peintres locaux. Il s’exerce en copiant des toiles de maîtres exposées dans le musée de la ville. Le jeune homme découvre les maîtres hollandais. Grâce à une pension, Millet peut poursuivre ses études à Paris, où il entre à l’École des Beaux-Arts, dans l’atelier de Paul Delaroche. Il concourt pour le Prix de Rome mais sans succès.

Millet commence à exposer des scènes de la vie paysanne au Salon dans les années 1840. En même temps, il fonde une famille (il sera le père de neuf enfants) et s’installe à Barbizon, près de Fontainebleau. Depuis les années 1820, ce village accueille de nombreux peintres de paysage regroupés sous le nom d’école de Barbizon (Rousseau, Diaz…). Il s’agit de la première école française à se consacrer au paysage pur (sans qu’il soit le cadre d’une scène mythologique ou historique). Son Vanneur, peint en 1848, constitue un acte fondateur : Millet devient le peintre de la vie rustique, des traditions agraires, sous l’influence du réalisme. L’Angélus, sa plus célèbre toile, date de 1859.

Millet est parfois considéré à tort comme un membre à part entière de l’école de Barbizon car l’artiste n’est pas tout à fait dans la même veine que ses compagnons. En effet, l’art de Millet n’est pas strictement paysager ; il s’intéresse surtout à l’humain au cœur des campagnes. Par ailleurs, il ne cherche pas à témoigner de la modernisation que connaît le métier de paysan à cette époque, ni de la mécanisation. Son goût le porte plutôt à représenter les pratiques ancestrales, le mode de vie et le rythme immuable de la vie paysanne. En somme, sa peinture est une vision idéalisée, éternelle, du monde rural tel qu’il existait par le passé.

Millet s’éteint à Barbizon en 1875. La maison qu’il y avait fait construire est, depuis, devenue un musée. Son œuvre est parfois perçue comme annonciatrice de l’art impressionniste en raison de son attention portée à la lumière du plein-air, au paysage.

Ses œuvres clés

Jean-François Millet, Des Glaneuses
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Jean-François Millet, Des Glaneuses, 1857

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Huile sur toile • 83,5 × 110 cm • Coll. Musée d’Orsay, Paris • © Musee d’Orsay, Paris, France / © Photo Josse / Leemage

Des glaneuses, 1857

 Cette œuvre est représentative des thèmes favoris de Jean-François Millet. Elle représente trois glaneuses, des femmes autorisées à ramasser des épis oubliés dans les champs fraîchement moissonnés à la tombée du jour. L’artiste témoigne de la pénibilité de cette tâche : leur dos est courbé, cassé par l’exercice, leurs mains sont rougies. Cependant, il ne s’agit pas d’une peinture sociale (à la différence de Courbet à la même période). Millet ne paraît pas véritablement dénoncer leur condition de travail. Il accentue au contraire le caractère bucolique de cette scène ancestrale, qui perpétue l’image d’une campagne imperméable aux changements.

Jean-Francois Millet, L’Angélus
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Jean-Francois Millet, L’Angélus, 1857–1859

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Huile sur toile • 53,3 × 66 cm • Coll. Musée d’Orsay, Paris • © Akg-images

L’Angélus, 1857–1859

Œuvre célèbre, L’Angélus de Millet représente un couple de paysans en prière à l’heure où retentissent les cloches d’une lointaine église. La scène baigne dans une atmosphère de recueillement et de solennité que l’on n’associe pas spontanément au monde des campagnes. Le sujet lui a été inspiré par un souvenir d’enfance, sa grand-mère ne manquant jamais d’interrompre sa besogne pour la prière des morts. Salvador Dalí fut fasciné par cette œuvre entrée en 1899 dans les collections nationales. Il émit l’hypothèse que le couple se recueillait sur la tombe d’un nouveau-né que le peintre aurait dissimulée sous la représentation du panier.

Par • le 20 novembre 2017

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