Ces deux derniers mois, les actualités relatives au polystyrène (PS) et au polystyrène expansé (PSE) dans les emballages se sont enchaînées. Danone a annoncé investir 6 millions d'euros pour remplacer sur ses lignes de Bailleul (59) le PS par du PET, Auchan a commencé à remplacer ses barquettes de viande et de poisson conditionnées sur place par des barquettes compostables à domicile fabriquées à partir de co-produits de canne à sucre. Mi-mars, la Scapmarée, coopérative d’achat des produits de la mer du Mouvement E.Leclerc, a dévoilé les résultats de la première édition de son Challenge emballages écoresponsables. Lequel a récompensé sept solutions d’emballages réutilisables ou recyclables venant se substituer aux caisses marées et autres barquettes du rayon en polystyrène expansé. À horizon 2022, la coopérative a l’ambition de supprimer « l’équivalent du volume d’un Arc de Triomphe et demi de polystyrène par an en utilisant des emballages réutilisables et recyclables. Avec ces nouvelles solutions, 250 tonnes de polystyrène, soit 3,2 millions de caisses seront écartées de la filière marée E.Leclerc », a déclaré l’enseigne. Outre ces sept lauréats, d’autres fournisseurs ont depuis communiqué sur de nouvelles solutions permettant de remplacer le polystyrène expansé, dans les caisses ou pour les calages de transport par exemple : Smurfit Kappa, Knauf ou encore Magical Mushroom qui, à l’image d’Embelium en France, développe un emballage composite à base de mycélium.
71 % des pots de yaourt en plastique sont en polystyrène
Dans le même temps, la défense du PS et du PSE s’organise à travers diverses initiatives visant à son recyclage et à l’intégration de matière recyclée. Cette semaine, Trinseo et BASF ont annoncé leur intention de développer leurs activités en produisant du styrène à partir d'une matière première circulaire. Tandis que les fabricants de produits laitiers frais poursuivent leurs actions en faveur de la création d'une filière de recyclage du polystyrène en France, sachant que 71 % des pots de yaourt en plastique (soit l’équivalent de 65 000 tonnes) sont encore en PS. « Nous alertons sur la fausse bonne idée qui consisterait à condamner précipitamment le PS au profit d'autres résines. Sur le plan environnemental, une telle décision ferait basculer le marché vers des résines qui ne disposent pas de filières opérationnelles de recyclage en boucle fermée en France. Alors que quelques mois supplémentaires nous permettrons de finaliser les essais en cours pour valider le passage à l'échelle industrielle du recyclage du PS », précise Muriel Casé, déléguée générale de Syndifrais, syndicat des fabricants de produits laitiers frais. Les professionnels du yaourt mettent en avant la légèreté du PS et le risque, de facto, de développer des substituts qui soient plus lourds.
"Une filière de recyclage avant fin 2021"
La filière se mobilise donc pour le recyclage et le retour à l’alimentarité du PS recyclé à travers deux projets : Recyqualipso, en cours de finalisation, et les travaux lancés par Citeo dans le cadre du consortium PS25 réunissant les entreprises des secteurs des produits laitiers frais, de la volaille, de la viande, des desserts frais (compotes). Travaux qui leur permettent d’envisager sereinement l'émergence d'une filière industrielle de recyclage du PS en France avant fin 2021. « Les pots en polystyrène pourront, à partir de 2023, prendre le chemin d'une filière de recyclage et non plus celui de l'incinération ou de l'enfouissement », avancent-ils.
« Depuis le lancement du consortium PS25, plusieurs enseignements ont émergé, poursuit Muriel Casé. Ils ont permis d’identifier notamment l’étape de préparation comme un élément important dans le process de recyclage pour obtenir une pureté de 95 % à 99 % de la matière avant d’entrer chez les recycleurs. » Citeo a lancé en novembre 2020 un appel à manifestation d’intérêt pour y répondre. Plusieurs candidatures ont été reçues. A l’issue de la première phase de sélection, les entreprises vont être invitées à intégrer le consortium pour travailler avec les équipes. « Toutes ces informations vont nous aider dans les choix technologiques à privilégier pour le recyclage du PS, mécanique ou chimique. A ce jour nous n’écartons aucune solution », indique-t-elle.